Miss Marvel, tome 1 : Métamorphose
C’est avec joie que j’ai appris que la série Miss Marvel
allait repartir, après les épisodes médiocres (et dangereux pour la vue)
de Captain Marvel qui m’ont laissé un relent de bâclé et de "peut faire mieux".
Tout comme le reboot d’Ultimate Spider-man en Août 2011, Miss Marvel se refait
une beauté et une cure de jouvence pour sa première apparition en février 2014
aux USA.
Un an après (février 2015), cette série est publiée en France, sous la
tutelle de Panini Comics dans la collection 100% Marvel, et connait un franc
succès (grâce à une bonne stratégie commerciale notamment, vous risquez d’être
déçus si vos attentes se portent sur les commentaires laissés sur la page FB de
Panini… la série est bonne, mais n’a rien de transcendant).
En ayant toujours
été fan de Miss Marvel (un peu pour les mêmes raisons que l’héroïne, d’ailleurs
!), je souffrais cependant d’un problème d’identification au personnage
(comment remédier à mon absence de blondeur et d’un justaucorps décidément trop
ample au niveau de la poitrine ?).
Ainsi, j’ai été
agréablement surprise lorsque l’éditeur a décidé d’accorder cette série d’envergure (pas
tout le monde n’a la chance de camper Miss Marvel) à une jeune femme issue
d’une minorité ethnique et religieuse. En effet, même si je n’y ai jamais fait
allusion n’y voyant pas la nécessité, j’ai plus de ressemblance avec Kamala
Khan qu’avec quiconque au sein du harem, pourtant peuplé, des super-héros ! De
fait, malgré ma joie, des craintes ont commencé à fleurir : Comment son milieu
sera-t-il exploité ? Espérons que l’on n’ait pas là (encore une fois) une caricature
grotesque (et pourtant si commune et adorée des médias) d’un cadre familial
oppressant et d’une liberté anéantie.
Miss Marvel #1-5 : Nouvelle peau, nouvelle vie.
Les premiers
épisodes étant les plus importants, du fait de la présentation d’un nouveau
personnage dans un nouveau contexte, le rôle qu’occupait la scénariste G.
Willow Wilson était
des plus épineux. Je pense cependant qu’elle l’a rempli avec brio malgré
quelques couacs. Et surtout, elle a donné un visage (un peu) plus réaliste du
quotidien des musulmans, étant elle-même convertie à l’Islam.
Kamala et son
entourage nous sont présentés rapidement, dans les premières pages. Amie avec
Bruno et Nakia, une étudiante voilée (avec une bonification pour le
passage où elle explique que ce port de voile est voulu et qu’elle
n’a d’ailleurs pas le soutien de son père, histoire de faire un pied de nez aux
théories généralisées de la soumission des femmes musulmanes), elle semble
avoir de la personnalité et un don d’effacement face aux populaires du lycée
tels que Zoé Zimmer. Mal dans sa peau donc, et ayant du mal à concilier
obligations religieuses et jeunesse dans l’Amérique de tous les possibles, elle
tente de s’intégrer au détour d’une soirée alcoolisée au grand dam de ses
parents, dépassés par sa crise d’adolescence.
Cependant, ce n’est pas en enfreignant les règles que l’on devient cool
et mature, et Kamala le comprendra à son insu, puisque c’est en tentant de
retrouver le chemin de la maison qu’elle reçoit ses pouvoirs. Surement le
moment le plus flou de tout le récit… Pourquoi elle ? Comment ? (Pourquoi ?
Comment ?…
et ce, autant de fois que j’ai relu le passage, c’est-à-dire beaucoup). En
effet, s’il suffisait d’hallucinations pour se procurer des super-pouvoirs, ça
se saurait, et j’aurais sans doute fait une overdose depuis bien longtemps à
force de bouffer des champignons hallucinogènes !
C’est seulement après avoir lu Marvel Wikia,
que tout s’est éclairci :
Une nuit, Kamala a fait le mur en dépit de l'interdiction de ses parents pour participer à la fête dans le Jersey Waterfront, pour au final être taquinée par Zoé Zimmer et Josh. Alors que Kamala retournait chez elle emplie de colère et de déception, la ville de Jersey a soudainement été enveloppée par de la brume Tératogène, qui a été libérée par le roi des Inhumains, la Flèche Noire (Black Bolt), et Kamala s'est évanouie sous l'exposition.
Mis à part cet incident, le récit reste fluide
et fait sourire en étant parsemé de scènes fun (notamment son
attitude envers sa famille en rentrant chez elle après la fête,
lorsqu'elle pensait toujours porter les cuissardes de Miss Marvel ou
lorsqu'elle tente de maîtriser ses pouvoirs après avoir détruit le vestiaire de
son lycée) et de monologues internes qui rendent le personnage de Kamala particulièrement attachant.
C'est dans cette ambiance décontractée que l'on découvre concomitamment avec
l’héroïne et son meilleur ami ses nouveaux pouvoirs qui ne sont pas des
moindres : métamorphose, rapetissement et agrandissement sur commande, capacité
de guérison, etc.
Pour l'instant durant ces 5 épisodes, Kamala n'a pas
rencontré de dangers de renom (un coq !), mais j'ai l'intuition que cela ne va pas durer
(il n'y a qu'à voir la couv' de Spider-man #5).
Après tout, comme dirait l'oncle Ben, "de grands pouvoirs
impliquent de grandes responsabilités"... et des ennuis (c'est
mathématique), qui sont actuellement surement au coin de la rue !
Concernant les dessins d'Adrian Alphona, ils font très
cartoons, et rendent la lecture plus fluide, bien que la colorisation ait
tendance à les rendre un peu trop plats, ce qui est dommage... l'action ne nous
saute pas aux yeux. Cependant, sur certaines vignettes, son style se rapproche assez de celui des mangas où les décors sont minimalistes et assez négligés. Mais bon, ce n'est qu'un détail.
Pour ce qui est du costume, j'avoue avoir ri.
Beaucoup. Qui aurait cru qu'un burkini ferait un jour l'objet d'un costume de
super-héros ? L'idée était bien trouvée, bien que je ne puisse m'empêcher
de rester hilare face au ridicule de la chose (et de m'imaginer là-dedans, ça
donne matière à la censure je vous dis !).
Quant aux couvertures, celle choisie par Panini Comics pour ce
premier tome est un pur plaisir pour les yeux (en même temps, c'est signée Pichelli) et
la variant d'Annie Wu est
très sympa aussi.
En bref, Miss Marvel est pour l'instant tout
mignon tant au niveau de la storyline que des illustrations, mais il
faut s'attendre à une affirmation de Kamala Khan au cours des prochains
épisodes, tant dans sa nouvelle vocation de super-héros où elle devra se
renforcer pour être à même de combattre de nombreux vilains, que dans sa sphère
familiale et scolaire. Car on ne peut rester inchangé lorsqu'on sauve le monde
(forcement notre égo émerge) !
"Maybe I'm finally part of something... bigger." 7/10